Interview - Noémie Abgrall

Interview - Noémie Abgrall


Noémie ABGRALL revient pour nous sur ces championnats de France et notamment sa médaille de bronze obtenue samedi dernier à Cholet, sur l'épreuve en ligne.

je me suis dit, je vais pleurer si je les regarde

Noémie ABGRALL

Noémie, trois jours après ton podium sur les derniers championnats de France, réalises-tu la performance que tu as réussi à accomplir en étant échappée toute la course et en décrochant cette médaille au bout ?

Oui, je commence à peine à réaliser. J'ai reçu une centaine de messages, ça fait bizarre, et j'ai re regardé un peu la course et je me suis dit que j'ai eu beaucoup de chance parce qu'il y a des moments où le peloton était à moins de dix secondes et il n'est pas revenu, je n'y crois quand même toujours pas. C'est exceptionnel pour l'équipe, on est vraiment toutes heureuses de ramener cette médaille et on aurait signé largement avant le départ pour ce podium sachant qu'on a eu des forfaits et qu'on a perdu des filles en route, c'était compliqué et ramener cette médaille même pour les filles qui n'étaient pas là, je pense que c'est une récompense.

Au moment où tu passes la ligne quel sentiment as-tu ? Est-ce que tu te dis je suis troisième ou il y a un moment d'incertitude ?

En fait, quand je lance le vélo, je tourne la tête et je pense passer devant mais on n'est jamais sûr, la ligne reste large et on ne sait jamais où est la photo-finish. Sur le moment, je me suis dit c'est bon je l'ai et après plus j'avançais, plus j'avais un doute, je savais que ça se jouait à quelques centimètres mais je ne savais pas trop. Et après tout le monde autour de moi était content mais je n'étais pas sûre de ma place finale, troisième ou quatrième, et après on m'a annoncé que j'étais troisième, c'était le soulagement. Je fais quand même un beau sprint sachant que je sprinte pas vraiment d'habitude, je suis allée le chercher loin et même pour les filles derrière, que je puisse sprinter comme ça, je pense qu'elles n'y croyaient pas trop. Prendre une troisième place, c'était quand même un peu inouï.

On t'a vue sur le podium un peu émue et avec beaucoup de fierté. Tu avais les filles juste devant toi sur le podium. C'était quand même quelque chose !

Oui, les filles étaient devant moi, d'ailleurs je les ai vues en montant sur le podium. Pendant la marseillaise, je les fuyais du regard parce que je me suis dit, je vais pleurer si je les regarde. Et on a fêté ça tous ensemble, après le podium et franchement, c'est la meilleure des récompenses.

Et maintenant, on t'a vue réaliser de nombreux top 20 en Espagne, où tu avais notamment participé à de nombreux sprints du peloton, donc on a pu constater que tu avais une petite pointe de vitesse. Comment vois-tu la suite de la saison, sachant qu'il y a eu de belles performances collectives et individuelles ?

Maintenant, l'objectif est le tour, les yeux sont rivés là-dessus. On va essayer de préparer ça au mieux, j'ai la forme mais maintenant, il faut la garder. Il reste encore trois semaines, ça va être long, tout peut arriver, avec le COVID on ne sait jamais, mais en tout cas on a de belles choses à faire sur ce tour et j'espère vraiment qu'on va réussir à montrer le maillot comme il se doit.

Au vu des efforts que tu as fait pendant toute la course, les filles des autres équipes n'auront peut-être plus le même regard sur toi et te laisseront peut-être plus partir. En partant en même temps que les favorites, il y avait peut-être plus de chances de jouer le titre ?

Oui, déjà quand je suis partie devant au France, je me suis dit ça y est, j'ai grillé mes chances de podium, c'est fini. Il y avait ma famille au bord, je les regardais et je me disais tant pis. Même le directeur sportif est monté à ma hauteur, et a dit, ce n'est pas grave de toute façon on va montrer le maillot et je savais qu'il y avait Maeva, Séverine, India et toutes les autres derrière. Donc je me suis dit c'est pas grave, je vais montrer le maillot et les autres vont réussir à assurer derrière. Mais en tout cas, je pense que le peleton a beaucoup joué avec moi quand même, c'était le jeu mais je pensais vraiment que j'allais rien faire, clairement, je lache à dix kilomètres de l'arrivée.  Je reviens parce que ça se regarde, j'ai eu une part de chance et je pense que c'est récompenser les échapées pour une fois, pour toutes les échapées que j'ai faite, je me dis que celle-là je la mérite quand même. Après pour les prochaines courses, je ne pense pas être surveillée plus que ça, ce n'est qu'une troisième place, je n'ai pas le maillot sur les épaules donc je pense qu'on me laissera encore partir, ils connaissent mes échapées un peu sucidaires donc ils savent très bien, surtout au niveau world tour, qu'ils arriveront à venir me chercher.

Crédits Photos : Aymeric Lassak - Maximillien Venisse - Directvélo